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Rubrique : Luttes

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  • Toutes les versions de cet article :

  • Der Einsatz der Kämpfe in Griechenland (de)
  • De inzet van de gevechten in Griekenland (nl)
  • The stakes of the struggles in Greece (en)
  • تلاش های مبارزاتی در یونان (fa)
  • Les enjeux des luttes en Grèce

    L’austérité qui s’abat en Grèce est celle qui attend les travailleurs partout dans le monde

    Partout, refusons de payer la crise du capitalisme !

     

    Les enjeux des luttes en Grèce

    En 2008, tous les États se sont portés ‘au secours’ d’un capitalisme au bord de la banqueroute en lui prêtant des sommes astronomiques. Mais rien n’est résolu pour autant car le trou laissé par la crise a été comblé par les déficits publics. Ceux-ci sont devenus tellement énormes que certains États sont au bord de la faillite. Ce ne sont donc plus seulement les institutions financières et les firmes privées qui menacent de faire naufrage, mais carrément des pays entiers. Phénomène autrefois réservé au Tiers-Monde, c’est aujourd’hui le cœur du capitalisme qui est directement menacé d’arrêt cardiaque.

    Ces sommes astronomiques devront bien être remboursées. L’enjeu qui se pose aujourd’hui à la classe dominante est de faire payer les travailleurs. C’est ce qui est brutalement exigé en Grèce au nom d’une solidarité contre-nature entre capital et travail, entre exploiteurs et exploités, mais c’est aussi ce qui nous attend tous demain. L’austérité qui s’abat en Grèce constitue un véritable banc d’essai des mesures qui se préparent dans tous les pays : la bourgeoisie et ses États parviendront-t-ils à faire payer les frais de la crise par les travailleurs ? Quel degré de résistance ceux-ci réussiront-ils à développer ?

    L’attaque qui est portée en Grèce est particulièrement violente : recul de deux années de l’âge de la retraite, baisse des salaires des fonctionnaires, amputation de 60 % du 14ème mois et de 30 % du 13ème, augmentation des taxes sur les biens de consommation, non remplacement de quatre départs à la retraite sur cinq et licenciement d’un tiers des contractuels dans le secteur public, etc. Face à cette dégradation brutale de leurs conditions de vie, la résistance des travailleurs est indispensable : accepter sans réagir serait donner le feu vert à la bourgeoisie pour frapper plus fort encore. Les luttes en Grèce sont le signe avant-coureur des combats que nous devrons tous mener. La classe ouvrière dans le monde n’a pas d’autres alternatives que de lutter tout en se gardant des fausses solutions lui faisant miroiter une issue possible dans le cadre du capitalisme.

     

    Les illusions et fausses solutions

    Comme l’explique très bien le groupe grec TPTG [1], c’est le gouvernement socialiste de Papandréou qui constitue le fer de lance de la politique d’austérité contre la classe ouvrière. Il est épaulé dans cette basse besogne par les deux principales confédérations syndicales (la GSEE pour le privé et l’ADEDY pour le public) qui « sont totalement contrôlées par le gouvernement socialiste et s’efforcent d’éviter toute véritable résistance contre la récente offensive d’austérité ». Ainsi, ces deux syndicats organisent des journées d’actions, des arrêts de travail, et des manifestations de façon séparée afin de défouler la colère ouvrière, diviser la riposte et dévoyer les luttes de leurs véritables objectifs. Ils disent être prêts à accepter ‘des mesures d’austérité qui sortiraient réellement le pays de la crise’ et en appellent donc à une ‘austérité équitable’ … à tel point que le Financial Times du 5 février estimait que « les syndicats ont réagi modérément aux plans d’austérité du gouvernement, ce qui reflète un état d’esprit et une disposition à faire des sacrifices pour surmonter la crise économique ». Ce soutien à peine voilé des syndicats à la politique d’austérité menée par le gouvernement socialiste leur a valu quelques vigoureuses protestations lors de la manifestation du 5 mars : huées et prise à partie du dirigeant de la GSEE – Panagopoulos – qui n’a dû son salut qu’à la protection de la police anti-émeute.

    La Grèce vient donc à nouveau confirmer que la gauche et les syndicats n’ont rien à envier à la droite dans l’imposition des mesures d’austérité et dans la défense inconditionnelle du capitalisme et de ses institutions : « L’influence destructive et paralysante des syndicalistes socialistes et le contrôle qu’ils exercent toujours sur les syndicats sont encore l’obstacle majeur » (TPTG). C’est ce rôle de défenseur des intérêts du capital contre les travailleurs qui explique pourquoi « s’il y a un vrai mécontentement envers la politique de choc que le gouvernement PASOK met en œuvre », jusqu’à présent, « il y a un sentiment général d’impuissance et de paralysie, mais aussi de colère ne pouvant trouver un débouché adéquat », et donc, que « les mobilisations sont restées jusqu’à présent assez tièdes et ne correspondent certainement pas au caractère critique de la situation et à la férocité des mesures » (TPTG).

    De même, nous n’avons rien à attendre des négociations et ‘solutions’ avancées par les États bourgeois. Elles se résument toutes à trouver les moyens pour nous faire avaler la pilule de l’austérité. Il n’y a pas de solution durable au sein du capitalisme, la bourgeoisie n’a plus qu’un seul programme : renflouer ses caisses en faisant payer le prix fort à la classe ouvrière. Comme l’explique TPTG : « …on en a appelé à un état d’urgence en Grèce, dans une tentative du capital international et de l’État grec de transformer ce pays en une laboratoire d’une nouvelle politique de choc. La « dette publique » énorme et la « banqueroute imminente du pays » sont les crédos employés afin de terroriser et de mettre au pas le prolétariat, et de légitimer la baisse des salaires directs et indirects… ».

     

    Les perspectives

    Seule une prise en main des luttes par la classe ouvrière elle-même et une extension à tous les secteurs pourraient créer un rapport de force en mesure de faire reculer la bourgeoisie et ouvrir une autre perspective. Cette solidarité, les ouvriers ne peuvent la construire qu’en prenant confiance en eux-mêmes à partir du développement de leurs propres luttes et au moyen de leurs propres formes d’organisation (assemblées générales, délégués élus et révocables…), et non en les laissant dans les mains des syndicats et des organisations traditionnelles de gauche, ou en regardant à la télévision les bombes placées par des éléments qui ne cherchent qu’à présenter les travailleurs comme des terroristes, à discréditer la lutte des classes, et à faire croire que celle-ci n’a pas d’autres perspectives à offrir que l’anarchie et la violence.

    Pour porter nos luttes à la hauteur des enjeux actuels, il nous faut tirer les leçons de ce qui se passe en Grèce et, à notre tour, engager la résistance dans tous les pays face aux mesures de plus en plus dures que la bourgeoisie et ses États nous portent. Les obstacles et illusions rencontrés par les travailleurs en Grèce, nous les rencontrerons tous car nos ennemis sont les mêmes partout, quels que soient les pays ou la couleur politique de droite ou de gauche dont ils se réclament. Seule une mobilisation sociale massive peut offrir une perspective d’avenir, et cette mobilisation doit être à la hauteur pour répondre à la brutalité exercée par les dominants : c’est la seule « éthique » à laquelle ceux-ci sont vraiment sensibles.

    Les luttes des travailleurs en Grèce inaugurent la résistance aux ravages sociaux causés par la dernière crise du capitalisme mondial. La question est posée en Grèce, mais la réponse ne peut être donnée qu’au niveau international. Dès lors, un seul mot d’ordre s’impose : extension des luttes partout dans le monde contre l’austérité tout azimut ! Prolétaires du monde entier, tous unis dans la lutte contre les mesures du capitalisme international. Pour vaincre, imposons un rapport de force au-delà des frontières nationales. C’est ainsi que nous pourrons prendre conscience que le capitalisme est un système en faillite, qu’il n’a plus rien d’autre à offrir à l’humanité qu’encore plus de misère et de destructions. Bref, qu’il est temps de le mettre à bas et construire un autre monde mettant fin aux millénaires d’exploitation de l’homme par l’homme.

    Dans ce combat qui s’engage, les minorités révolutionnaires ont et auront un rôle important à jouer malgré leurs faibles forces. A eux d’être à la hauteur de leurs tâches.